LA FABRIQUE DU CITOYEN Alain Avello Directeur de Défis Souverainistes Tour dépend donc d'établir dans la République cet amour des lois et de la patrie ; et c'est à l'inspirer que l'éducation doit être attentive. Montesquieu Si l’Ecole a pour mission principale de transmettre le savoir aux enfants et adolescents...
Tour dépend donc d'établir dans la République cet amour des lois et de la patrie ; et c'est à l'inspirer que l'éducation doit être attentive.
Montesquieu
Si l’Ecole a pour mission principale de transmettre le savoir aux enfants et adolescents que la nation lui confie, elle doit, et tout aussi primordialement, œuvrer à instituer le futur citoyen.
Or, il ne saurait y avoir d’exercice éclairé ni libre d’une pleine et active citoyenneté, exercice auquel devrait parvenir, à l’issue de ses études secondaires, tout jeune Français, sans la conscience claire ni la compréhension effective des enjeux par rapport auxquels il appartient au citoyen de se déterminer dans ses votes comme dans ses engagements : « faut-il poursuivre dans la voie de l’intégration européenne, jusqu’à “l’Europe fédérale”, ou, au contraire, recouvrer les pans de souveraineté perdus au bénéfice de cette intégration ? », « quel échelon de gouvernance est le plus propice à garantir la préservation des droits sociaux et le bien-être social du peuple ? », « quel bilan dresser du transfert de compétences de l’Etat vers les collectivités territoriales : quels bienfaits de la décentralisation ? », « quelles sont les différentes forces politiques et leurs positionnement respectifs ? », « quel équilibre trouver, au titre de la démocratie, entre sa forme indirecte, basée sur la représentativité, et des modes de démocratie directe, tels que la consultation par la voie du référendum ? » ― voici quelques exemples de questions, parmi beaucoup d’autres, dont l’Ecole, pour autant qu’elle s’emploie, comme elle le doit, à véritablement instituer le citoyen, doit veiller, sauf à faillir à remplir cette fonction essentielle, à ce qu’elles fassent sens pour chaque jeune accédant à l’âge de la majorité légale et puisse susciter en lui la réflexion critique qu’elles appellent.
Qu’on s’entende bien, il n’appartient certes pas à l’Ecole, laquelle se doit d’observer la plus absolue neutralité idéologique — et il faudra bien veiller à ce que ce soit effectivement toujours et à tous égards le cas ―, d’insuffler le moindre point de vue partisan dans les jeunes esprits qu’elle a la charge de former : s’il devait en aller ainsi, elle s’immiscerait dans la sphère de la subjectivité, dévoierait la parole qu’il lui appartient de délivrer en l’abaissant au rang du particulier, quand son rôle, noble s’il en est, et tout autant essentiel, relève de l’universel, en ceci qu’il consiste à s’adresser à la raison qui est en chacun, à lui fournir, par la transmission du savoir valant pour tous, les moyens de son édification et les instruments nécessaires à son usage critique.
La présence de sujets et thématiques, hors-l’Ecole, si clivants, si propices aux polémiques, conflits et affrontements relevant de la « violence des hommes » qui ne saurait pénétrer dans son espace, par principe du moins, sanctuarisé, tels qu’au programme de philosophie des classes terminales « la religion » ou « la politique » témoigne, par exemple, de ce que ces lignes tâchent de décrire : si de religion et de politique, il appartient au professeur de philosophie de parler, et il le doit afin d’instituer et de former le citoyen, c’est nécessairement en demeurant dans la plus complète objectivité, c’est-à-dire du seul point de vue de l’universel.
Cela requiert de la part du professeur, fonctionnaire d’Etat, non seulement une grande maîtrise intellectuelle de ce qu’il lui revient d’enseigner comme une éthique et une probité républicaines irréprochables...
